FujiNON GF30mm f/5.6 TS

Avertissement : bien que je sois en contact direct avec Fujifilm France dans le cadre de leur programme X-Photographer, principalement pour essayer du matériel, Fujifilm ne m’a pas rémunéré, n’a pas lu cet article avant sa publication et n’a jamais demandé que je publie quoi que ce soit.

un objectif d’exception pour des photographes exigeants

Quand Fujifilm a annoncé le GF30mm f/5.6 T/S, j’étais impatient, presque fébrile à l’idée de le tester. Un objectif à bascule et décentrement (tilt-shift) pour le système GFX ? C’était une promesse excitante, une opportunité de repousser les limites de ma créativité. Après quatre semaines d’utilisation intensive, je peux l’affirmer sans détour : cet objectif est une merveille, l’un des meilleurs que j’ai eu la chance de manier. Il m’a permis de réaliser certains de mes clichés les plus mémorables, repoussant les frontières de ce que je pensais possible. Mais attention, ce n’est pas un objectif pour tout le monde. Son poids, sa taille, sa mise au point manuelle et son prix en font un outil spécialisé, réservé à ceux qui savent exactement ce qu’ils veulent en tirer. Voici mon retour d’expérience, avec ses forces, ses faiblesses et quelques conseils pour en tirer le meilleur parti.

Le GF30mm f/5.6 T/S est un objectif conçu pour le système moyen format GFX de Fujifilm. Avec une focale équivalente à environ 24mm en plein format, il offre un champ de vision large, idéal pour la photographie d’architecture, de paysages ou de produits. Sa particularité ? Les fonctions de bascule (tilt) et de décentrement (shift), qui permettent de contrôler la perspective et la profondeur de champ de manière unique. Que ce soit pour redresser les lignes d’un bâtiment ou pour créer un effet de miniature, cet objectif ouvre des portes créatives que peu d’autres optiques peuvent égaler.

Pesant environ 1,34 kg et mesurant 13,9 cm de long, il n’est pas discret. Ajoutez à cela un prix qui dépasse les 4000 €, et vous comprenez pourquoi il ne s’adresse pas au photographe occasionnel. La mise au point est exclusivement manuelle, ce qui demande une certaine maîtrise, surtout avec un capteur moyen format aussi exigeant que celui des GFX.

Lorsque j’ai déballé le GF30mm f/5.6 T/S, j’ai été immédiatement frappé par sa qualité de fabrication. Fujifilm a mis le paquet : le métal est omniprésent, les bagues tournent avec une précision chirurgicale, et l’ensemble respire la solidité. Mais soyons honnêtes, il est imposant. Sur mon GFX100S II, l’équilibre est correct, mais il faut une bonne sangle ou un trépied robuste pour travailler confortablement sur de longues sessions.

Ma première sortie avec cet objectif s’est déroulée à Munich, dans le métro. Les stations aux lignes géométriques et aux perspectives marquées étaient un terrain de jeu parfait pour tester un objectif tilt-shift. J’ai passé des heures à ajuster le décentrement pour redresser les perspectives, jouant avec les lignes comme un architecte. Le résultat ? Des images d’une netteté irréprochable, avec une sensation de contrôle total sur la composition. C’était comme peindre avec la lumière.

Le GF30mm f/5.6 T/S est un monstre optique. À f/5.6, il offre déjà une netteté exceptionnelle sur toute la surface de l’image, même avec le capteur exigeant de 102 Mpx du GFX100S II. Les aberrations chromatiques sont quasi inexistantes, et le contraste est saisissant, surtout dans des conditions de lumière forte. J’ai été particulièrement impressionné par sa capacité à gérer les détails dans les zones d’ombre, un domaine où le moyen format excelle déjà.

C’est sur la côte atlantique, près de Royan, que j’ai véritablement pu exploiter cet objectif pendant ces quatre semaines. J’ai utilisé la fonction de bascule pour photographier des paysages côtiers, jouant avec le plan de netteté pour donner une profondeur dramatique aux scènes. Les rochers, les vagues, les textures du sable : tout était d’une clarté stupéfiante. Ces clichés font partie de mes meilleurs à ce jour, et je ne pense pas que j’aurais pu obtenir un tel résultat avec un autre objectif.

Un autre moment marquant a été ma visite au BMW Welt à Munich, où j’ai réalisé plusieurs des photos qui accompagneront cet article. L’architecture futuriste de ce lieu, avec ses courbes audacieuses et ses surfaces réfléchissantes, était un défi idéal pour le GF30mm f/5.6 T/S. En utilisant le décentrement, j’ai pu capturer des perspectives parfaites, éliminant les distorsions tout en préservant la grandeur du bâtiment. La netteté des détails, des structures métalliques aux reflets de verre, était tout simplement époustouflante. Ces images sont parmi les plus frappantes de ma collection, et elles montrent à quel point cet objectif excelle dans des environnements architecturaux complexes.

Mais ne nous voilons pas la face : le GF30mm f/5.6 T/S n’est pas un objectif facile. Sa mise au point est exclusivement manuelle, ce qui demande du temps et de la patience, surtout pour les débutants en tilt-shift. Cela dit, cette mise au point reste particulièrement agréable et précise grâce aux excellentes fonctions d’aide à la mise au point du GFX100S II, comme le focus peaking, qui facilitent grandement l’ajustement, même dans des conditions exigeantes. Sur le terrain, j’ai souvent dû m’arrêter, respirer et vérifier mes réglages sur l’écran du GFX pour m’assurer que tout était parfait. Avec un capteur moyen format, la moindre erreur de mise au point est impardonnable.

Le poids et la taille sont aussi des obstacles. Lors d’une randonnée sur la côte, j’ai regretté de l’avoir emporté dans mon sac. Après quelques heures, mes épaules me le faisaient sentir. Et puis, il y a le prix. À plus de 4000 €, cet objectif est un investissement sérieux, même pour un photographe passionné. Si l’argent n’était pas un facteur, je l’achèterais sans hésiter, mais pour la majorité des photographes, c’est un luxe difficile à justifier.

Le GF30mm f/5.6 T/S est un outil spécialisé, conçu pour des photographes qui ont une vision précise et les moyens de l’exécuter. Si vous faites de la photographie d’architecture, de paysages ou de produits, et que vous cherchez à repousser les limites de la créativité, cet objectif est fait pour vous. Il brille dans les situations où le contrôle de la perspective et de la profondeur de champ est essentiel.

En revanche, si vous êtes un photographe de rue, un portraitiste ou quelqu’un qui privilégie la légèreté et la spontanéité, passez votre chemin. Cet objectif demande du temps, de la réflexion et un équipement adapté (trépied, sac robuste). C’est un compagnon exigeant, mais pour ceux qui savent l’apprivoiser, il est inégalable.

Conseils pour tirer le meilleur du GF30mm f/5.6 T/S

  1. Maîtrisez la mise au point manuelle : Prenez le temps de vous familiariser avec la bague de mise au point. Utilisez le focus peaking de votre GFX pour vérifier la netteté, surtout si vous jouez avec la bascule.

  2. Investissez dans un bon trépied : Le poids de l’objectif et la précision requise pour les ajustements tilt-shift rendent un trépied indispensable. J’utilise un Manfrotto Befree Advanced, qui offre un bon équilibre entre stabilité et portabilité.

  3. Expérimentez avec la bascule et le décentrement : Ne vous contentez pas des réglages standards. Essayez des angles extrêmes pour créer des effets uniques, comme des paysages qui ressemblent à des maquettes.

  4. Post-traitez vos RAW avec soin : Les fichiers RAW du GFX associés à cet objectif offrent une latitude énorme. Dans Lightroom, prenez le temps de récupérer les détails dans les ombres et de peaufiner le contraste pour sublimer vos images.

  5. Planifiez vos sorties : Cet objectif n’est pas fait pour l’improvisation. Repérez vos lieux à l’avance et prévoyez du temps pour ajuster vos compositions.

Le Fujifilm GF30mm f/5.6 T/S est un objectif qui ne laisse pas indifférent. Il est superlativ à bien des égards : qualité d’image, précision, possibilités créatives. Il m’a permis de réaliser des clichés dont je suis profondément fier, et rien que pour cela, il mérite toutes les louanges. Mais son poids, sa taille, sa mise au point manuelle et son prix en font un outil réservé à une niche de photographes. Si l’argent n’était pas un obstacle, je l’achèterais sur-le-champ, sans une once d’hésitation. Pour les autres, c’est un rêve coûteux, mais un rêve qui vaut chaque centime pour ceux qui peuvent se l’offrir.

Si vous avez l’occasion de l’essayer, ne vous privez pas. Et si vous l’adoptez, préparez-vous à redécouvrir la photographie sous un angle nouveau. Comme je le dis souvent : la photographie, c’est peindre avec la lumière. Avec le GF30mm f/5.6 T/S, vous tenez un pinceau d’exception.